lundi 7 avril 2008

Retour à Yaounde (ca c'est du titre!)


Me voici de retour a Yaounde après un mois passé au village.
Tout est calme mais la présence militaire est importante car le projet de réforme de la constitution va être voté cette semaine. Des problèmes sont à prévoir.

- Géométrie variable -
En arrivant au Cameroun, et a plus forte raison dans l'est forestier, l'homme occidentale (formule politiquement correcte remplacée ici par "le blanc" ou "patron") voit bon nombres de ses repères mis à mal
Comme chacun sait le temps est une notion floue et variable. Ainsi on dit qu'il est 8h plus ou 8h moins, d'avantage de précision n'aurait pas vraiment d'intérêt. De même on ne dit pas attendre le bus mais attendre une occasion, car on ne sait pas quand il passera ni si il ne sera pas déjà surchargé. Surtout enfin, parce qu'il suffit de de monter dans le premier véhicule vide qui se présente.
De même la famille est une notion extensible à souhait. Ainsi on me parlait souvent de mon beau père au village. Au bout d'un moment, comme je voyais pas de qui il s'agissait j'ai demandé. Etonné de ma question, on m'a explique que la fille de mon beau père avait épousé mon frère, un français. Etant le frère de tous les français de ma génération, je suis en toute logique le beau fils du beau père de mon frère, imparable.
En se penchant sur cette question on arrive à la conclusion que, si une irakienne et un américain (ou inversement) se sont mariés, Sadam était le beau frère de Bush. Faire pendre son beau frère tout de même ça fait froid dans le dos.

- La troisième les vaut toutes -
Pour mon troisième retour du village j'ai été contraint de "prendre une occasion" et je pense avoir utiliser le moyen de transport le plus chaotique au monde : le grumier.
En fait, les dizaines de tonnes de bois sur la remorque bondissent sur les bosses et secouent la cabine comme un panier à salade. A l'intérieur, tout vole au son de la musique (de la pop africaine, un régale), les occupants, fleures en plastique les bâtons de manioc et les innombrables K7.
Après 3h30 et 60 km, l'arrivée est un vrai soulagement pour le dos et les oreilles. Il ne reste plus que 6h de bus.

- On s'habitue à tout -
Ici l'après midi est exclusivement dédié à l'attente et tout et fait en conséquence. Les règles adaptées des petits chevaux en font un jeu interminable, les discussions sont interminables, les blancs dans les discussions sont interminables et bien sur les siestes sont interminables. En toute franchise, les gens ne disent pas "passer le temps" mais "perdre le temps".
La personne pressé se voie irrémédiablement freinée par la torpeur générale et si elle doit marchander paye le prix de son empressement. On s'habitue donc à attendre mais aussi à faire attendre. Monsieur le sous préfet ne manquera pas de trouver normal d'avoir une heure de retard (et effectivement il trouve même étrange de ma part de s'excuser).

Le problème est que l'on s'habitue aussi à ce qu'il ne faudrait pas, se faire appeler monsieur, se faire offrir les 3/4 du plat de viande, la meilleur place dans le bus et tout un tas de privilèges réservés aux blanc. Pire tu es bien content de profiter de facilités qui te choquaient au départ : solidarité blanc en brousse, quartier blanc à Yaounde (surtout pendant les évènements)...
On m'avait dit que beaucoup de forestiers devenaient racistes, il faut dire qu'ils travaillent dans un milieu ou la ségrégation est une réalité qui empêche un véritable échange.
Heureusement, dans le village la situation est différente et les discussion permettent de lever les clichés solidement encrés et de se comprendre mutuellement (même si les villageois me trouve compliqué et réciproquement bien entendu).

- Mais qu'est ce que tu fabriques? -
Puisque beaucoup de gens me posent la question je vais y répondre.
Je pense qu'on peut dire que je fais de la GVSP (Gestion du Vivant et Stratégie Patrimoniale ou Gestion du vent et stratégie du Pipo pour les médisants).
En fait une exploitation forestières c'est implantée dans la zone d'étude rendant illégale la présence des villageois qui étaient pourtant là avant. De plus l'activité de cette exploitation (et surtout sa piste forestière) a attiré de nouveaux venus dont la présence est tout aussi illégale sur la zone.
En gros l'exploitation forestière qui veut être labelisée FSC ( production de bois étique) ne peut pas chasser ces populations et dois travailler avec elles. Le but du travail et de faire un état du problème pour aider villageois et forestier a trouver une solution ensemble.

Le village sous la pluie en fin d'après midi. La photo en taille normal est plus jolie. On voit quand même que quand il pleut il fait quasiment noir. C'est l'occasion de journées encore moins actives que habituellement.

J'ai plein d'autres choses à dire mais comme vous devez en avoir marre de lire je vais m'arrêter là.

A bientôt

Vincent

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais non on n'en a jamais marre de te lire mon p'tit Vincent !!!
Besos,
Bout'

Anonyme a dit…

Cool

Tu as un clavier AZERTY batard


denys (toujours aimable)

Comment sont les moustiques ici?

Vincent1000..... a dit…

Les moustiques, mouches et moucherons sont horibles ici, ils se répartissent le travail pour piquer à toutes heures et donnent plein de maladies sympas.

Anonyme a dit…

hey couzin! c'est sophie !!
juste pour te dire que avec ma maman on lit tes articles et je te souhaite bon courage avc les moustiques! lol
bisous de tte la famille!
et bon courage pour la suite !

Anonyme a dit…

mais nn vincent tu peux raconter tout ce que tu veux je lirai tout! oui je me fais royalement chier. Bon au moins jme fais pas bouffer par les moustiques.
bon courage!

Mouille

Anonyme a dit…

salut Vincent,

Très bien ce blogue dont je viens de découvrir l'existence ! Et oui la communication a parfois des loupés. Ne t'en fait pas, je n'ai pas vu tes fautes d'ortho, je pense que je dois faire les même si ça tombe, l'orthographe c'est génétique. Continue à donner de tes nouvelles, c'est vrais que de la France, le Cameroun n'a pas l'air très paisible ces derniers temps. Ton oncle Rémi lit avec attention ce que tu écris et espère que tu ne le prends pas trop pour un vieux con, et ne soit pas trop sévère avec tes grands parents, la tolérance ça doit marcher dans les deux sens. J'espère que mon mariage ne t'a pas trop traumatisé en tout cas tu étais très beau. Porte-toi bien ! Reviens en nous en pleine forme pour un djipsy'camp (je ne sais pas du tt comment ça s'écrit)
bisous, Mathilde

Anonyme a dit…

c'est quoi qu'il a sur la tete monsieur-sans-dent-et-avec-une-carabine?
et non, au contraire, on en veut plus de blablabla et photos!!
profite bien
viol

Vincent1000..... a dit…

alors le monsieur, sur la tête il a un régime de noix de palme (c'est le fruit du palmier à huile) avec lequel on fait de l'huile.

Anonyme a dit…

Une question me taraude : tu vas revenir aussi musclé et avec aussi peu de dents que les gens que tu as pris en photos?
Autre question : le monsieur qui a une carabine, c'est pour pas que tu lui piques son régime de noix de palme ou c'est pour garder toute cette belle forêt FSC? Et d'abord pourquoi a-t-il ce truc sur la tête s'il garde la forêt?
aide moi Vincent, j' comprends pas...

Mouille